Frégates ASM et FLF durant l'exercice SARMENT 09 crédits : MARINE NATIONALE |
18/05/2009
C'est l'un des pires périls que connaissent les flottes de surface. Presque « invisibles » sous l'eau et conçus pour frapper par surprise, les sous-marins sont la « bête noire » des groupes aéronavals ou amphibies. Comme cela s'est vu en ex-Yougoslavie ou pendant les Malouines, leur seule présence peut contraindre une marine ne disposant pas de moyens adaptés à rester clouée dans ses ports. Du temps de la guerre froide, l'armada soviétique faisait frémir l'occident. Aujourd'hui, la prolifération des sous-marins dans le monde rend le danger plus diffus mais tout aussi important, d'autant que les zones d'opérations se sont éloignées des côtes françaises.
Un SNA français du type Rubis (© : MARINE NATIONALE)
Réputée pour son savoir-faire en matière de lutte ASM, la Marine nationale ne cesse de maintenir et développer ses compétences en la matière via des exercices réguliers et engageant souvent des forces significatives. L'enjeu de la maîtrise de ce domaine de lutte est, en effet, multiple. Il s'agit en premier lieu d'assurer la protection des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE). Quasiment indétectables lorsqu'ils sont en haute mer, les SNLE restent vulnérables à leurs départs et retours de patrouille, qui les contraignent à naviguer sur le plateau continental au départ et à l'arrivée de l'Ile Longue, située face à Brest. Ces transits doivent, par conséquents, être couverts par des moyens ASM importants, comprenant frégates, hélicoptères, avions de patrouille maritime et sous-marins nucléaires d'attaque (SNA). Ces moyens, complémentaires, ont pour objectif d'éclairer la route du SNLE et de s'assurer qu'aucun intrus n'y est embusqué. Ils sont donc partie intégrante de la dissuasion nucléaire, assurant de facto sa crédibilité (un SNLE n'aurait aucune utilité s'il était pisté dès la sortie de sa base).
Une frégate ASM et un SNLE (© : MARINE NATIONALE)
La deuxième grande mission des unités anti-sous-marines est la protection des groupes navals et des convois. Systématiquement, les grands navires (porte-avions, bâtiments de projection et de commandement, transports de chalands de débarquement) sont accompagnés de frégates ASM et, souvent, d'un SNA. Ils ont, là aussi, pour mission de détecter, pister, reconnaître et éventuellement neutraliser un sous-marin suspect ou ennemi tentant de s'attaquer à une « unité précieuse ».
Enfin, les unités ASM participent à la surveillance et la protection du littoral français ou des points de passages stratégiques, comme les détroits.
Nécessitant des moyens et un savoir-faire très pointu, la lutte ASM est véritablement un art et sans doute le domaine le plus complexe du combat naval. Détecter un sous-marin, le suivre et le neutraliser n'est, en effet, pas à la portée de toutes les marines, tant les paramètres entrant en jeu sont nombreux. Comment détecte-t-on un sous-marin ? Pourquoi la lutte ASM est-elle si complexe ? Nous vous invitons, pour mieux comprendre ce passionnant domaine de lutte, à découvrir ou relire le reportage que nous avions réalisé début 2008 à bord de la frégate Latouche-Tréville, en Atlantique, lors d'un exercice ASM ( VOIR LE REPORTAGE).
Le TCD Siroco escorté par une frégate ASM (© : MARINE NATIONALE)
L'Exercice SARMENT 09
Aujourd'hui, nous revenons, en images, sur le dernier grand exercice mené par la flotte française, cette fois en Méditerranée. Hier, s'est achevé SARMENT 09, qui avait débuté le 9 mai et démontre que la menace sous-marine n'est pas uniquement localisée en haute mer. Ainsi, lors d'opérations amphibies, la flotte est particulièrement vulnérable, les grands bâtiments de débarquement (BPC ou TCD) étant quasiment immobiles pour mettre à l'eau leurs chalands. Des proies faciles donc, que les moyens ASM doivent protéger contre une attaque venant des profondeurs. Une tâche d'autant plus délicate qu'elle doit être menée sans oublier les autres menaces, provenant de la terre, de la surface et des airs, le tout dans une opération interarmées et interalliée. Les marins se sont donc mesurés aux différentes menaces, du sous-marin à l'attaque au lance-roquette depuis une embarcation rapide, en passant par les raids de Mirage 2000. Tous les moyens d'autodéfense étaient en alerte, des batteries de missiles à courte portée Mistral à l'artillerie légère, en passant par les moyens plus lourds.
Le Primauguet et le Surcouf pendant SARMENT 09 (© : MARINE NATIONALE)
SARMENT simulait le débarquement d'une force d'interposition de l'ONU dans la région des Saintes-Maries-de-la-Mer. Les bâtiments participant étaient le TCD Siroco, les frégates ASM Primauguet, Dupleix et Montcalm, la frégate légère furtive Surcouf, l'aviso Commandant Birot, le pétrolier ravitailleur Meuse, ainsi que deux sous-marins. Côté moyens aéronautiques, les hélicoptères embarqués (Lynx, Panther) étaient complétés par des avions Super Etendard Modernisés (assaut), Rafale (interception/assaut), Atlantique 2 (patrouille maritime) et E-2 C Hawkeye (guet aérien embarqué) de la marine. L'armée de Terre a participé avec plusieurs unités, dont des hélicoptères de transport, et l'armée de l'Air avec des Mirage 2000, des KC-135 (ravitaillement en vol) et des Tucano. Ces moyens ont permis d'opposer deux forces aéromaritimes, donnant l'occasion à la marine de s'entraîner à des opérations complexes dans un environnement multi-menaces. Embarqué sur le Siroco, Jean-Louis Venne nous a envoyé une belle série de clichés pris au cours des manoeuvres.
Frégate ASM du type F70 (© : JEAN-LOUIS VENNE)
Le radier du Siroco (© : JEAN-LOUIS VENNE)
La Meuse (© : JEAN-LOUIS VENNE)
(© : JEAN-LOUIS VENNE)
(© : JEAN-LOUIS VENNE)