Un SNLE français du type Le Triomphant crédits : MARINE NATIONALE |
18/02/2009
Le « probable » conteneur avec lequel est entré en collision, début février, le sous-marin nucléaire lanceur d'engins Le Triomphant est, en réalité, le SNLE britannique HMS Vanguard. C'est la presse anglaise qui a révèlé l'affaire, précisant que le bâtiment anglais est rentré à sa base de Falsane (Ecosse) avec la coque éraflée et cabossée. Sous couvert de l'anonymat, un haut responsable britannique précise dans le Sun que l'accident aurait pu avoir des « conséquences potentielles inimaginables ». Si ce dernier exclue une « très improbable explosion nucléaire », il affirme que la collision aurait pu entrainer un « risque de fuite radioactive » ou, « pire, nous aurions pu perdre l'équipage et les têtes nucléaires » ce qui aurait constitué « un désastre national ».
Officiellement, le ministère britannique de la Défense ne commente pas les informations impliquant la force de dissuasion nucléaire. En France, la discrétion est également de mise mais le ministère de la Défense a fini par admettre, lundi, que l'accident avait bien eu lieu. « Deux SNLE, l'un français et l'autre britannique, conduisaient, il y a quelques jours, des patrouilles nationales de routine dans l'océan Atlantique. Ils sont entrés en contact brièvement à très basse vitesse alors qu'ils étaient en plongée. Il n'y a eu aucun blessé. Ni leurs missions de dissuasion ni la sûreté nucléaire n'ont été affectées. Le Triomphant est rentré normalement à Brest ». Le 6 février, la Marine nationale avait confirmé que Le Triomphant avait été victime d'une collision à son retour de patrouille, alors qu'il était en immersion, incident qui a provoqué des dommages sur son dôme sonar. Mais, à l'époque, vu qu'aucun bruit de submersible n'avait été détecté, l'équipage semble avoir d'abord cru qu'il avait heurté un conteneur immergé entre deux eaux. L'hypothèse était d'autant plus logique que la zone traversée par le Triomphant avait été balayée, les jours précédents, par une tempête.
Le HMS Vanguard (© : ROYAL NAVY)
Quasiment indétectables pour les moyens d'écoute
Or, il a semble-t-il fallu attendre que le HMS Vanguard rentre lui aussi avarié à sa base pour que les militaires français et britanniques fassent le rapprochement. Fers de lances de la dissuasion nucléaire française et britannique, engins intégrant une technologie de pointe, les deux sous-marins se sont donc télescopés sans que leurs moyens d'écoute et de détection n'aient repéré quoique ce soit avant l'impact. Cette situation n'a pas manqué de soulever des questions. Pour bien comprendre ce qui a pu se passer, il faut savoir que le Vanguard, comme le Triomphant, sont des bâtiments de nouvelle génération, spécialement conçus pour être le plus discret possible. Auxiliaires montés sur plots amortisseurs, tuyaux flexibles, hélices carénées et jusqu'au moteur de la machine à pétrir le pain du boulanger... Toutes les sources éventuelles de bruit sont traitées, afin que les SNLE ne soient pas détectables. Ces mesures sont si efficaces que, d'avis d'expert, ces sous-marins stratégiques deviennent quasiment « invisibles » pour les sonars passifs, dont la mise en oeuvre est déjà, en temps normal, très complexes (la détection sous marine est une véritable science, la propagation des ondes dans l'eau étant variable suivant différents paramètres, comme la température ou la salinité).
La discrétion constitue, il faut le rappeler, une pièce maitresse de l'invulnérabilité des SNLE, outils assurant la dissuasion nucléaire. Il n'est donc pas impensable que les deux bâtiments ne se soient pas repérés et soient entrés en collision, un évènement rarissime compte tenu de l'immensité de l'océan et des probabilités d'avoir deux sous-marins dans le même secteur, à la même profondeur d'immersion et sur une route de collision.
Par chance, la collision n'a pas fait de gros dégâts. D'abord, les deux bâtiments naviguaient sans doute à faible vitesse (ce qui est logique pour des questions de discrétion). Ensuite, compte tenu de la nature des avaries, on peut imaginer que l'un des SNLE a abordé l'autre bâtiment par le travers mais avec un angle assez ouvert, ce qui lui a permis de glisser sur sa coque et non de l'enfoncer. Une collision à angle droit aurait, sans doute, eu des conséquences plus graves.
Un SNLE et une frégate française (© : MARINE NATIONALE)
Les forces en présence
Au nombre de trois (un quatrième est en achèvement), les SNLE du type Le Triomphant mesurent 138 mètres de long pour un déplacement de 14.000 tonnes en plongée. Armés par 110 marins, ils embarquer 16 missiles balistiques M45, chacun pouvant emporter jusqu'à six têtes nucléaires (soit jusqu'à 1000 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima). Le Triomphant a été livré en 1997 par DCNS et suivi du Téméraire (1999) et du Vigilant (2004), le Terrible devant être opérationnel en 2010. Ce dernier bénéficiera d'importantes améliorations par rapport à ses prédécesseurs, avec notamment un nouveau système de combat et l'emport du nouveau missile balistique M51.
Comme la France, Grande-Bretagne arme quatre SNLE, les Vanguard (1993), Victorious (1995), Vigilant (1997) et Vengeance (1999). Longs de 149.8 mètres pour un déplacement de 15.800 tonnes en plongée, ces bâtiments sont armés par 135 hommes et embarquent 16 missiles (américains) Trident 2 D-5.
Pour tout l'océan Atlantique, seuls les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie déploient des SNLE. Et ce en petit nombre, soit un maximum de trois pour les Américains, deux pour les Français comme pour les Britanniques et sans doute un ou deux pour les Russes. Autant dire que la probabilité de voir deux SNLE se percuter est extrêmement faible mais, comme l'ont démontré le Triomphant et le Vanguard, elle n'en demeure pas moins existante.
Officiellement, le ministère britannique de la Défense ne commente pas les informations impliquant la force de dissuasion nucléaire. En France, la discrétion est également de mise mais le ministère de la Défense a fini par admettre, lundi, que l'accident avait bien eu lieu. « Deux SNLE, l'un français et l'autre britannique, conduisaient, il y a quelques jours, des patrouilles nationales de routine dans l'océan Atlantique. Ils sont entrés en contact brièvement à très basse vitesse alors qu'ils étaient en plongée. Il n'y a eu aucun blessé. Ni leurs missions de dissuasion ni la sûreté nucléaire n'ont été affectées. Le Triomphant est rentré normalement à Brest ». Le 6 février, la Marine nationale avait confirmé que Le Triomphant avait été victime d'une collision à son retour de patrouille, alors qu'il était en immersion, incident qui a provoqué des dommages sur son dôme sonar. Mais, à l'époque, vu qu'aucun bruit de submersible n'avait été détecté, l'équipage semble avoir d'abord cru qu'il avait heurté un conteneur immergé entre deux eaux. L'hypothèse était d'autant plus logique que la zone traversée par le Triomphant avait été balayée, les jours précédents, par une tempête.
Le HMS Vanguard (© : ROYAL NAVY)
Quasiment indétectables pour les moyens d'écoute
Or, il a semble-t-il fallu attendre que le HMS Vanguard rentre lui aussi avarié à sa base pour que les militaires français et britanniques fassent le rapprochement. Fers de lances de la dissuasion nucléaire française et britannique, engins intégrant une technologie de pointe, les deux sous-marins se sont donc télescopés sans que leurs moyens d'écoute et de détection n'aient repéré quoique ce soit avant l'impact. Cette situation n'a pas manqué de soulever des questions. Pour bien comprendre ce qui a pu se passer, il faut savoir que le Vanguard, comme le Triomphant, sont des bâtiments de nouvelle génération, spécialement conçus pour être le plus discret possible. Auxiliaires montés sur plots amortisseurs, tuyaux flexibles, hélices carénées et jusqu'au moteur de la machine à pétrir le pain du boulanger... Toutes les sources éventuelles de bruit sont traitées, afin que les SNLE ne soient pas détectables. Ces mesures sont si efficaces que, d'avis d'expert, ces sous-marins stratégiques deviennent quasiment « invisibles » pour les sonars passifs, dont la mise en oeuvre est déjà, en temps normal, très complexes (la détection sous marine est une véritable science, la propagation des ondes dans l'eau étant variable suivant différents paramètres, comme la température ou la salinité).
La discrétion constitue, il faut le rappeler, une pièce maitresse de l'invulnérabilité des SNLE, outils assurant la dissuasion nucléaire. Il n'est donc pas impensable que les deux bâtiments ne se soient pas repérés et soient entrés en collision, un évènement rarissime compte tenu de l'immensité de l'océan et des probabilités d'avoir deux sous-marins dans le même secteur, à la même profondeur d'immersion et sur une route de collision.
Par chance, la collision n'a pas fait de gros dégâts. D'abord, les deux bâtiments naviguaient sans doute à faible vitesse (ce qui est logique pour des questions de discrétion). Ensuite, compte tenu de la nature des avaries, on peut imaginer que l'un des SNLE a abordé l'autre bâtiment par le travers mais avec un angle assez ouvert, ce qui lui a permis de glisser sur sa coque et non de l'enfoncer. Une collision à angle droit aurait, sans doute, eu des conséquences plus graves.
Un SNLE et une frégate française (© : MARINE NATIONALE)
Les forces en présence
Au nombre de trois (un quatrième est en achèvement), les SNLE du type Le Triomphant mesurent 138 mètres de long pour un déplacement de 14.000 tonnes en plongée. Armés par 110 marins, ils embarquer 16 missiles balistiques M45, chacun pouvant emporter jusqu'à six têtes nucléaires (soit jusqu'à 1000 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima). Le Triomphant a été livré en 1997 par DCNS et suivi du Téméraire (1999) et du Vigilant (2004), le Terrible devant être opérationnel en 2010. Ce dernier bénéficiera d'importantes améliorations par rapport à ses prédécesseurs, avec notamment un nouveau système de combat et l'emport du nouveau missile balistique M51.
Comme la France, Grande-Bretagne arme quatre SNLE, les Vanguard (1993), Victorious (1995), Vigilant (1997) et Vengeance (1999). Longs de 149.8 mètres pour un déplacement de 15.800 tonnes en plongée, ces bâtiments sont armés par 135 hommes et embarquent 16 missiles (américains) Trident 2 D-5.
Pour tout l'océan Atlantique, seuls les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie déploient des SNLE. Et ce en petit nombre, soit un maximum de trois pour les Américains, deux pour les Français comme pour les Britanniques et sans doute un ou deux pour les Russes. Autant dire que la probabilité de voir deux SNLE se percuter est extrêmement faible mais, comme l'ont démontré le Triomphant et le Vanguard, elle n'en demeure pas moins existante.