L'une des nouvelles corvettes Gowind crédits : DCNS |
27/10/2008
Le groupe naval français a totalement revu sa gamme de navires de combat de petit tonnage. Lancée en 2006, une première version des corvettes Gowind n'avait eu qu'un succès modéré. Ces bateaux de 1000 à 2000 tonnes présentaient certes de belles lignes et un équipement conséquent, mais ils étaient avant tout conçus comme de petites frégates très armées. Or, il s'est avéré rapidement que de nombreux prospects avaient des budgets trop contraints pour acquérir ce genre d'unités. D'autres n'étaient pas intéressés par des corvettes trop complexes, préférant des navires simples et robustes du type OPV (Offshore Patrol Vessel), bateaux endurant à même de mener de longues patrouilles en mer. DCNS a donc totalement revu sa copie pour présenter de nouvelles Gowind, plus économiques et mieux adaptées aux besoins actuels. « Ces dernières années, les missions ont évolué en matière de sauvegarde maritime. On constate par exemple un besoin croissant en matière de lutte contre la piraterie et contre le narcotrafic. Il était donc intéressant d'avoir une gamme de navires répondant à ces missions mais assez configurables pour assurer également des missions de combat, avec une graduation entre les deux », explique Marc Leroy, Directeur ligne de produits Bâtiments de Surface au sein de DCNS.
Gowind (© : DCNS)
Simples, économiques et facile à construire localement
De la police des pêches à la mise en oeuvre de forces spéciales en passant par la surveillance et la lutte antinavire, la nouvelle famille Gowind doit couvrir un éventail très large de missions. « Nous avons imaginé un bateau simple à mettre en oeuvre et à maintenir, présentant des coûts très compétitifs et doté de systèmes pouvant s'adapter aux missions ». Un important travail a été mené sur l'architecture du navire, une architecture simple permettant de décliner avec souplesse différentes versions. Cela permet également de prévoir une construction facile, à même de répondre aux contrats en transfert de technologie. « Nous pensons que pour ces bateaux, nous aurons presque systématiquement des contrats en transfert de technologie. La conception est donc très simple, permettant une construction dans presque tous les chantiers du monde », souligne Marc Leroy. Construites aux standards civils pour la partie plateforme, les Gowind bénéficient par exemple d'une propulsion très simple. Elle s'articulera autour de deux lignes d'arbres disposant chacune d'un réducteur, d'un moteur diesel et d'un petit moteur électrique. « Jusqu'à 6 ou 7 noeuds, pour les manoeuvres portuaires ou les navigations à faible vitesse, le petit moteur électrique prendra le relais du diesel. Cela permet de ne pas encrasser les diesels et de naviguer sans rejet dans des zones sensibles ».
Outre l'architecture simplifiée permettant une construction locale aisée, DCNS développe dans le même temps des services pour accompagner les marines émergentes. Cette offre va de l'assistante à la définition du besoin opérationnel jusqu'aux aides au financement, sans oublier évidemment des formules de maintenance « clés en main » sur des périodes déterminées.
(© : DCNS)
Différents modèles pour différentes missions
Les nouvelles Gowind se déclinent en trois versions principales, chacune pouvant être bien évidemment adaptée aux besoins exprimés par les marines intéressées. D'une longueur de 85 à 105 mètres, ces bâtiments affichent des déplacements allant de 1000 à 2500 tonnes. Faiblement armée (canon de 76 mm et artillerie légère), la Gowind Control est dédiée à la sauvegarde maritime dans les Zones Economiques Exclusives (ZEE). Ce modèle est notamment armé avec un canon de 76 mm, de l'artillerie légère et des missiles antinavire. Elle dispose d'une plateforme hélicoptère mais pas de hangar, contrairement aux autres modèles.
Plus grosse, la Gowind Presence doit assurer également assurer des missions de sauvegarde mais sa taille plus volumineuse lui permet de patrouiller plus longtemps. L'autonomie est importante, affichant 5000 nautiques à 12 noeuds (contre 3500 nautiques à 12 noeuds pour la Gowind Control), soit un déploiement d'environ deux semaines. « Nous sommes sur des navires océaniques, capables de tenir la mer de rester un certain temps en opération. Les intérêts maritimes des pays vont jusqu'aux limites des ZEE et, quand on regarde ce qui se passe avec la piraterie en océan Indien, il faut souvent contrôler des zones assez éloignées des ports ». La capacité d'intervention rapide est par ailleurs renforcée sur la Gowind Presence, avec un hangar pour un hélicoptère ou des drones. Conçue sur la même coque, la Gowind Action dispose d'équipements plus importants. En matière d'autodéfense, l'armement peut être complété avec des missiles surface-air à lancement vertical (Mica VL, Umkhonto, Crotale...). On notera par ailleurs qu'à l'instar de la Gowind Control, la possibilité d'embarquer le nouveau missile Exocet MM40 Block3, doté d'un GPS, confère à ces unités une capacité de frappe contre des cibles côtières.
Sur la Gowind Action, les moyens de détection sont également renforcés, avec un radar tridimensionnel, par exemple le MRR 3D de Thales (au lieu d'un radar 2D ou radar de navigation). Dans la version la plus armée, il est également possible d'ajouter des moyens de vision nocturne (infrarouge) et même des lance-leurres.
Ces trois versions de la Gowind restent, néanmoins, des « points de référence ». Comme l'explique Marc Leroy : « Il n'y a pas d'idées figées. Ce sont de grands points de référence correspondant à des missions types. Ensuite, la taille et l'équipement dépend des besoins spécifiques du client, qui peut d'ailleurs panacher plusieurs modèles ».
Enfin, DCNS a conservé une version de la précédente famille Gowind, présentée en 2006. La Gowind Combat, d'environ 2000 tonnes, n'est autre que le modèle qui doit être réalisé à deux exemplaires pour la Bulgarie.
La Gowind Combat (© : DCNS)
Mise en oeuvre rapide d'embarcations d'intervention
Afin de déterminer les grandes caractéristiques générales des nouvelles Gowind, DCNS s'est rapproché de ses clients, à commencer par le premier d'entre-eux : La Marine nationale. Dans les discussions, l'importance de la mise en oeuvre de moyens d'intervention nautiques est rapidement apparue. Cette nécessité est issue du retour d'expérience des marins en matière de contrôle de navires ou d'intervention contre des trafiquants de drogue ou des pirates. « Il est très important de pouvoir mettre rapidement une embarcation à l'eau pour mener une interception. Et il faut pouvoir assez vite pouvoir en déployer une seconde qui va assurer l'appui de la première ». Les ingénieurs ont travaillé avec les commandos marine sur le système de mise à l'eau rapide d'embarcations. Plutôt qu'un logement des embarcations en niches et une manutention par bossoirs, dispositif imposant au bâtiment porteur de ralentir pour la mise à l'eau, un système par pan incliné et ouverture par le tableau arrière a été retenu. « Ce système permet une mise à l'eau discrète tout en gardant une certaine course. De plus, la mise à l'eau permet de protéger partiellement l'embarcation lorsque la mer est mauvaise ». Les Gowind pourront embarquer des canots allant jusqu'à 11 mètres, soit la taille des embarcations utilisées par les forces spéciales.
Gowind (© : DCNS)
Système d'information et moyens de surveillance
Amenées à évoluer dans de vastes zones maritimes, les Gowind sont dotées d'une mâture unique, rassemblant les senseurs. Elles disposent de moyens leur permettant de s'intégrer dans un dispositif de surveillance comprenant différents moyens, qu'il s'agisse de navires, d'aéronefs, de drones et de satellites. « En matière de surveillance, l'information est très importante. Il y aura une bonne présentation de la situation tactique, des systèmes de communication par satellite ou encore des moyens de surveillance infrarouge. Dans le domaine des radars, la mâture intégrée est prévue pour pouvoir accueillir des radars comme le MRR 3D ou le Sea Giraffe. On peut même installer des systèmes un peu plus gros, comme le SMART-S de Thales ». Les corvettes disposent en outre d'une passerelle panoramique, offrant une bonne vieille optique, par exemple contre les menaces asymétriques. A ce sujet, les Gowind peuvent être dotées de moyens gradués contre ce type de lutte, allant des canons à eau jusqu'aux canons de 12.7 mm ou 20 mm téléopérés. La passerelle panoramique permet aussi de voir directement le pont d'envol et l'installation de mise à l'eau des embarcations.
Gowind (© : DCNS)
Pour les grandes flottes et les marines émergentes
Présentée pour la première fois en septembre, lors d'un salon en Afrique du sud, la nouvelle famille Gowind suscite déjà beaucoup d'intérêt. La nécessité générale de renforcer les moyens de surveillance maritime et la souplesse de conception du nouveau produit de DCNS font que la corvette française semble trouver un premier écho très favorable sur le marché. A l'export, le potentiel de ventes serait important, d'autant que l'industriel a travaillé sur un produit économiquement accessible et pouvant être facilement construit localement. Mais la nouvelle Gowind ne s'adresse pas uniquement aux marines émergentes. DCNS peut notamment présenter sa corvette à la Marine nationale en vue d'assurer le remplacement, au cours de la prochaine décennie, des 9 avisos encore en service. A défaut d'avoir pu commander des frégates multi-missions (FREMM) pour leur succéder, la flotte française est en effet à la recherche de grands patrouilleurs hauturiers, peu coûteux, endurants et économiques à entretenir. On notera également que les Gowind disposent de capacités de transport de matériel, notamment sur la plage arrière.
Gowind (© : DCNS)
Simples, économiques et facile à construire localement
De la police des pêches à la mise en oeuvre de forces spéciales en passant par la surveillance et la lutte antinavire, la nouvelle famille Gowind doit couvrir un éventail très large de missions. « Nous avons imaginé un bateau simple à mettre en oeuvre et à maintenir, présentant des coûts très compétitifs et doté de systèmes pouvant s'adapter aux missions ». Un important travail a été mené sur l'architecture du navire, une architecture simple permettant de décliner avec souplesse différentes versions. Cela permet également de prévoir une construction facile, à même de répondre aux contrats en transfert de technologie. « Nous pensons que pour ces bateaux, nous aurons presque systématiquement des contrats en transfert de technologie. La conception est donc très simple, permettant une construction dans presque tous les chantiers du monde », souligne Marc Leroy. Construites aux standards civils pour la partie plateforme, les Gowind bénéficient par exemple d'une propulsion très simple. Elle s'articulera autour de deux lignes d'arbres disposant chacune d'un réducteur, d'un moteur diesel et d'un petit moteur électrique. « Jusqu'à 6 ou 7 noeuds, pour les manoeuvres portuaires ou les navigations à faible vitesse, le petit moteur électrique prendra le relais du diesel. Cela permet de ne pas encrasser les diesels et de naviguer sans rejet dans des zones sensibles ».
Outre l'architecture simplifiée permettant une construction locale aisée, DCNS développe dans le même temps des services pour accompagner les marines émergentes. Cette offre va de l'assistante à la définition du besoin opérationnel jusqu'aux aides au financement, sans oublier évidemment des formules de maintenance « clés en main » sur des périodes déterminées.
(© : DCNS)
Différents modèles pour différentes missions
Les nouvelles Gowind se déclinent en trois versions principales, chacune pouvant être bien évidemment adaptée aux besoins exprimés par les marines intéressées. D'une longueur de 85 à 105 mètres, ces bâtiments affichent des déplacements allant de 1000 à 2500 tonnes. Faiblement armée (canon de 76 mm et artillerie légère), la Gowind Control est dédiée à la sauvegarde maritime dans les Zones Economiques Exclusives (ZEE). Ce modèle est notamment armé avec un canon de 76 mm, de l'artillerie légère et des missiles antinavire. Elle dispose d'une plateforme hélicoptère mais pas de hangar, contrairement aux autres modèles.
Plus grosse, la Gowind Presence doit assurer également assurer des missions de sauvegarde mais sa taille plus volumineuse lui permet de patrouiller plus longtemps. L'autonomie est importante, affichant 5000 nautiques à 12 noeuds (contre 3500 nautiques à 12 noeuds pour la Gowind Control), soit un déploiement d'environ deux semaines. « Nous sommes sur des navires océaniques, capables de tenir la mer de rester un certain temps en opération. Les intérêts maritimes des pays vont jusqu'aux limites des ZEE et, quand on regarde ce qui se passe avec la piraterie en océan Indien, il faut souvent contrôler des zones assez éloignées des ports ». La capacité d'intervention rapide est par ailleurs renforcée sur la Gowind Presence, avec un hangar pour un hélicoptère ou des drones. Conçue sur la même coque, la Gowind Action dispose d'équipements plus importants. En matière d'autodéfense, l'armement peut être complété avec des missiles surface-air à lancement vertical (Mica VL, Umkhonto, Crotale...). On notera par ailleurs qu'à l'instar de la Gowind Control, la possibilité d'embarquer le nouveau missile Exocet MM40 Block3, doté d'un GPS, confère à ces unités une capacité de frappe contre des cibles côtières.
Sur la Gowind Action, les moyens de détection sont également renforcés, avec un radar tridimensionnel, par exemple le MRR 3D de Thales (au lieu d'un radar 2D ou radar de navigation). Dans la version la plus armée, il est également possible d'ajouter des moyens de vision nocturne (infrarouge) et même des lance-leurres.
Ces trois versions de la Gowind restent, néanmoins, des « points de référence ». Comme l'explique Marc Leroy : « Il n'y a pas d'idées figées. Ce sont de grands points de référence correspondant à des missions types. Ensuite, la taille et l'équipement dépend des besoins spécifiques du client, qui peut d'ailleurs panacher plusieurs modèles ».
Enfin, DCNS a conservé une version de la précédente famille Gowind, présentée en 2006. La Gowind Combat, d'environ 2000 tonnes, n'est autre que le modèle qui doit être réalisé à deux exemplaires pour la Bulgarie.
La Gowind Combat (© : DCNS)
Mise en oeuvre rapide d'embarcations d'intervention
Afin de déterminer les grandes caractéristiques générales des nouvelles Gowind, DCNS s'est rapproché de ses clients, à commencer par le premier d'entre-eux : La Marine nationale. Dans les discussions, l'importance de la mise en oeuvre de moyens d'intervention nautiques est rapidement apparue. Cette nécessité est issue du retour d'expérience des marins en matière de contrôle de navires ou d'intervention contre des trafiquants de drogue ou des pirates. « Il est très important de pouvoir mettre rapidement une embarcation à l'eau pour mener une interception. Et il faut pouvoir assez vite pouvoir en déployer une seconde qui va assurer l'appui de la première ». Les ingénieurs ont travaillé avec les commandos marine sur le système de mise à l'eau rapide d'embarcations. Plutôt qu'un logement des embarcations en niches et une manutention par bossoirs, dispositif imposant au bâtiment porteur de ralentir pour la mise à l'eau, un système par pan incliné et ouverture par le tableau arrière a été retenu. « Ce système permet une mise à l'eau discrète tout en gardant une certaine course. De plus, la mise à l'eau permet de protéger partiellement l'embarcation lorsque la mer est mauvaise ». Les Gowind pourront embarquer des canots allant jusqu'à 11 mètres, soit la taille des embarcations utilisées par les forces spéciales.
Gowind (© : DCNS)
Système d'information et moyens de surveillance
Amenées à évoluer dans de vastes zones maritimes, les Gowind sont dotées d'une mâture unique, rassemblant les senseurs. Elles disposent de moyens leur permettant de s'intégrer dans un dispositif de surveillance comprenant différents moyens, qu'il s'agisse de navires, d'aéronefs, de drones et de satellites. « En matière de surveillance, l'information est très importante. Il y aura une bonne présentation de la situation tactique, des systèmes de communication par satellite ou encore des moyens de surveillance infrarouge. Dans le domaine des radars, la mâture intégrée est prévue pour pouvoir accueillir des radars comme le MRR 3D ou le Sea Giraffe. On peut même installer des systèmes un peu plus gros, comme le SMART-S de Thales ». Les corvettes disposent en outre d'une passerelle panoramique, offrant une bonne vieille optique, par exemple contre les menaces asymétriques. A ce sujet, les Gowind peuvent être dotées de moyens gradués contre ce type de lutte, allant des canons à eau jusqu'aux canons de 12.7 mm ou 20 mm téléopérés. La passerelle panoramique permet aussi de voir directement le pont d'envol et l'installation de mise à l'eau des embarcations.
Gowind (© : DCNS)
Pour les grandes flottes et les marines émergentes
Présentée pour la première fois en septembre, lors d'un salon en Afrique du sud, la nouvelle famille Gowind suscite déjà beaucoup d'intérêt. La nécessité générale de renforcer les moyens de surveillance maritime et la souplesse de conception du nouveau produit de DCNS font que la corvette française semble trouver un premier écho très favorable sur le marché. A l'export, le potentiel de ventes serait important, d'autant que l'industriel a travaillé sur un produit économiquement accessible et pouvant être facilement construit localement. Mais la nouvelle Gowind ne s'adresse pas uniquement aux marines émergentes. DCNS peut notamment présenter sa corvette à la Marine nationale en vue d'assurer le remplacement, au cours de la prochaine décennie, des 9 avisos encore en service. A défaut d'avoir pu commander des frégates multi-missions (FREMM) pour leur succéder, la flotte française est en effet à la recherche de grands patrouilleurs hauturiers, peu coûteux, endurants et économiques à entretenir. On notera également que les Gowind disposent de capacités de transport de matériel, notamment sur la plage arrière.