Lancement d'une frégate du type 132 pour la Norvège crédits : NAVANTIA |
30/10/2008
Moins de trois milliards d'euros séparent désormais le carnet de commandes du groupe espagnol de celui de DCNS, leader européen de la navale militaire. Grâce au contrat remporté en 2007 contre les Français en Australie pour la construction de navires d'assaut, mais aussi la vente à ce même pays de destroyers lance-missiles, le carnet de commandes de Navantia atteint 6.2 milliards d'euros (*), contre 9 milliards d'euros pour son concurrent tricolore. La performance du groupe espagnol, qui a doublé son carnet de commandes depuis mars 2005, est d'autant plus remarquable que, contrairement à son homologue tricolore, il ne peut compter sur des programmes aussi lourds que ceux des sous-marins nucléaires. Leader européen de l'industrie navale militaire, DCNS garde, malgré une année 2007 contrastée, une longueur d'avance sur son concurrent mais aussi partenaire dans le cadre du programme Scorpène. Ainsi, le chiffre d'affaires du Français s'est maintenu à 2.8 milliards d'euros en 2007, contre 1.1 milliard pour Navantia. Malgré cet ascendant, à Paris, la montée en puissance du constructeur espagnol n'est pas prise à la légère, d'autant que DCNS doit toujours composer avec la concurrence de l'Allemand TKMS.
Lancement du Juan Carlos I (© : NAVANTIA)
Issu de la scission des chantiers navals civils et militaires espagnols, en 2004, Navantia bénéficie d'une importante charge de travail au profit de la marine espagnole. En mars, le bâtiment de projection Juan Carlos I a été lancé, alors qu'un cinquième destroyer du type F100 a été commandé et un sixième autorisé. Le groupe travaille, par ailleurs, sur le programme des quatre sous-marins du type S80, dont la livraison est prévue entre 2013 et 2016. Toujours pour l'Armada, la réalisation du pétrolier ravitailleur Cantabria se poursuit. Enfin, le programme des 14 patrouilleurs du type BAM a été lancé en 2005.
L'Australie a commandé deux BPE (© : NAVANTIA)
Sur le marché export, Navantia réalisera, au Ferrol, les deux BPE destinés à la marine australienne. Livrables en 2013 et 2014, les Canberra et Adelaide mesureront 230 mètres pour un déplacement de 27.800 tonnes en charge. Dotés de six spots d'appontage, ils pourront embarquer 12 hélicoptères lourds et quatre chalands de débarquement, ainsi que 150 véhicules et un millier d'hommes de troupe. Ces bâtiments de projection disposeront, comme le Juan Carlos I, d'un tremplin à l'avant du pont d'envol. Cette configuration permettra, éventuellement, de convertir ces bateaux en porte-aéronefs avec l'embarquement de F-35 B.
Destroyer du type F100 (© : COLLECTION FLOTTES DE COMBAT - GUY TOREMANS)
Les trois destroyers du type F100 commandés par l'Australie seront, en revanche, réalisés localement, aux chantiers ASC d'Osborne. Prévus pour entrer en service entre 2014 et 2017, ces bâtiments de 146.7 mètres et 5900 tonnes sont directement dérivés des Alvaro de Bazan espagnols. Ils disposeront notamment du système américain Aegis et de 48 cellules à lancement vertical pour missiles SM-2 MR et ESSM RIM. Une quatrième unité doit être commandée ultérieurement.
frégate norvégienne (© : NAVANTIA)
Signé en 2000, le contrat des cinq nouvelles frégates de la marine norvégienne se poursuit (type 132 - Fridtjof Nansen). Construit chez Navantia, au Ferrol, le Roald Amundsen et l'Otto Sverdrup, deuxième et troisième unités de la série, ont été livrés en 2007 et 2008. D'une longueur de 123.52 mètres pour une largeur de 16.8 mètres, le Roald Amundsen affiche un déplacement de 5130 tonnes en charge. Doté d'un système dérivé de l'Aegis américain, les bâtiments disposent de 32 missiles antiaériens ESSM RIM, 8 missiles antinavire NSM, un canon de 76 mm, 4 mitrailleuses de 12.7 mm, 4 tubes lance-torpilles et peut embarquer un hélicoptère NH 90. On notera que c'est le Français Sagem et son Vigy 20 qui ont été retenus pour fournir la conduite de tir optronique. La dernière frégate sera en service d'ici 2010.
Lancement Navantia propose une gamme complète de patrouilleurs (© : NAVANTIA)
Toujours à l'export, quatre corvettes de 102 mètres et 2600 tonnes doivent être livrée en 2011 au Venezuela, qui a également commandé quatre autres unités de 76 mètres et 1500 tonnes. Mise sur cale le 28 novembre 2007, la tête de série doit être opérationnelle en 2009.
Scorpène réalisé pour le Chili (© : NAVANTIA)
Cap sur le marché des sous-marins
L'un des grands challenges de Navantia est, actuellement, de se positionner sur le marché des sous-marins à l'export. Dans le cadre d'accord de coopération franco-espagnol, le groupe a réalisé avec DCNS les quatre sous-marins du type Scorpène commandés par le Chili et la Malaisie. Le second bâtiment malaisien a été récemment mis à flot à Carthagène. Mais Navantia souhaite désormais aller plus loin et voler sans les ailes de son partenaire français. Profitant des développements réalisés dans le cadre du programme Scorpène, le groupe a développé le S80.
Sous-marin du type S 80 (© : NAVANTIA)
Plus gros que le Scorpène, ce navire de 71 mètres et 2425 tonnes en plongée est doté de six tubes de 533 mm. Pour la marine espagnole, il mettra en oeuvre des torpilles lourdes allemandes DM 2-A 4, des missiles antinavire Harpoon et des missiles de croisière Tomahawk. Le système de combat (SUBICS) est, quant à lui, développé par Lockheed Martin. Navantia va, en outre, équiper le S80 d'un système de propulsion en circuit fermé UTC Power avec piles à combustible à base d'oxygène et de bioéthanol. Selon le constructeur, ce dispositif doit permettre au sous-marin d'opérer 15 jours en plongée, soit une autonomie de 2000 nautiques à 4 noeuds. Sur le papier, le S80 est donc très intéressant, mais il devra encore faire ses preuves en mer, les essais du premier bâtiment de ce type n'étant pas prévu avant 2011/2012.
Outre l'Armada espagnole, le S80 est désormais proposé à l'export, ce qui fut par exemple le cas en Turquie. Or, l'arrivée sur le marché de ce nouveau produit a provoqué la colère de DCNS, qui juge comme déloyale la concurrence faite au Scorpène, sur lequel le groupe français estime avoir réalisé le gros du développement. Le torchon brûlant entre les deux industriels depuis des mois, les Français auraient menacé de mettre fin à la coopération et de reprendre leur liberté commerciale.
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(*) 1.08 milliard d'euros ont été notifiés en octobre dernier sur un total de plus de 6 milliards pour les cinq bâtiments.
Lancement du Juan Carlos I (© : NAVANTIA)
Issu de la scission des chantiers navals civils et militaires espagnols, en 2004, Navantia bénéficie d'une importante charge de travail au profit de la marine espagnole. En mars, le bâtiment de projection Juan Carlos I a été lancé, alors qu'un cinquième destroyer du type F100 a été commandé et un sixième autorisé. Le groupe travaille, par ailleurs, sur le programme des quatre sous-marins du type S80, dont la livraison est prévue entre 2013 et 2016. Toujours pour l'Armada, la réalisation du pétrolier ravitailleur Cantabria se poursuit. Enfin, le programme des 14 patrouilleurs du type BAM a été lancé en 2005.
L'Australie a commandé deux BPE (© : NAVANTIA)
Sur le marché export, Navantia réalisera, au Ferrol, les deux BPE destinés à la marine australienne. Livrables en 2013 et 2014, les Canberra et Adelaide mesureront 230 mètres pour un déplacement de 27.800 tonnes en charge. Dotés de six spots d'appontage, ils pourront embarquer 12 hélicoptères lourds et quatre chalands de débarquement, ainsi que 150 véhicules et un millier d'hommes de troupe. Ces bâtiments de projection disposeront, comme le Juan Carlos I, d'un tremplin à l'avant du pont d'envol. Cette configuration permettra, éventuellement, de convertir ces bateaux en porte-aéronefs avec l'embarquement de F-35 B.
Destroyer du type F100 (© : COLLECTION FLOTTES DE COMBAT - GUY TOREMANS)
Les trois destroyers du type F100 commandés par l'Australie seront, en revanche, réalisés localement, aux chantiers ASC d'Osborne. Prévus pour entrer en service entre 2014 et 2017, ces bâtiments de 146.7 mètres et 5900 tonnes sont directement dérivés des Alvaro de Bazan espagnols. Ils disposeront notamment du système américain Aegis et de 48 cellules à lancement vertical pour missiles SM-2 MR et ESSM RIM. Une quatrième unité doit être commandée ultérieurement.
frégate norvégienne (© : NAVANTIA)
Signé en 2000, le contrat des cinq nouvelles frégates de la marine norvégienne se poursuit (type 132 - Fridtjof Nansen). Construit chez Navantia, au Ferrol, le Roald Amundsen et l'Otto Sverdrup, deuxième et troisième unités de la série, ont été livrés en 2007 et 2008. D'une longueur de 123.52 mètres pour une largeur de 16.8 mètres, le Roald Amundsen affiche un déplacement de 5130 tonnes en charge. Doté d'un système dérivé de l'Aegis américain, les bâtiments disposent de 32 missiles antiaériens ESSM RIM, 8 missiles antinavire NSM, un canon de 76 mm, 4 mitrailleuses de 12.7 mm, 4 tubes lance-torpilles et peut embarquer un hélicoptère NH 90. On notera que c'est le Français Sagem et son Vigy 20 qui ont été retenus pour fournir la conduite de tir optronique. La dernière frégate sera en service d'ici 2010.
Lancement Navantia propose une gamme complète de patrouilleurs (© : NAVANTIA)
Toujours à l'export, quatre corvettes de 102 mètres et 2600 tonnes doivent être livrée en 2011 au Venezuela, qui a également commandé quatre autres unités de 76 mètres et 1500 tonnes. Mise sur cale le 28 novembre 2007, la tête de série doit être opérationnelle en 2009.
Scorpène réalisé pour le Chili (© : NAVANTIA)
Cap sur le marché des sous-marins
L'un des grands challenges de Navantia est, actuellement, de se positionner sur le marché des sous-marins à l'export. Dans le cadre d'accord de coopération franco-espagnol, le groupe a réalisé avec DCNS les quatre sous-marins du type Scorpène commandés par le Chili et la Malaisie. Le second bâtiment malaisien a été récemment mis à flot à Carthagène. Mais Navantia souhaite désormais aller plus loin et voler sans les ailes de son partenaire français. Profitant des développements réalisés dans le cadre du programme Scorpène, le groupe a développé le S80.
Sous-marin du type S 80 (© : NAVANTIA)
Plus gros que le Scorpène, ce navire de 71 mètres et 2425 tonnes en plongée est doté de six tubes de 533 mm. Pour la marine espagnole, il mettra en oeuvre des torpilles lourdes allemandes DM 2-A 4, des missiles antinavire Harpoon et des missiles de croisière Tomahawk. Le système de combat (SUBICS) est, quant à lui, développé par Lockheed Martin. Navantia va, en outre, équiper le S80 d'un système de propulsion en circuit fermé UTC Power avec piles à combustible à base d'oxygène et de bioéthanol. Selon le constructeur, ce dispositif doit permettre au sous-marin d'opérer 15 jours en plongée, soit une autonomie de 2000 nautiques à 4 noeuds. Sur le papier, le S80 est donc très intéressant, mais il devra encore faire ses preuves en mer, les essais du premier bâtiment de ce type n'étant pas prévu avant 2011/2012.
Outre l'Armada espagnole, le S80 est désormais proposé à l'export, ce qui fut par exemple le cas en Turquie. Or, l'arrivée sur le marché de ce nouveau produit a provoqué la colère de DCNS, qui juge comme déloyale la concurrence faite au Scorpène, sur lequel le groupe français estime avoir réalisé le gros du développement. Le torchon brûlant entre les deux industriels depuis des mois, les Français auraient menacé de mettre fin à la coopération et de reprendre leur liberté commerciale.
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(*) 1.08 milliard d'euros ont été notifiés en octobre dernier sur un total de plus de 6 milliards pour les cinq bâtiments.