Livre Blanc : Le format de la marine à l'Horizon 2020
A l'occasion de la présentation du Livre Blanc sur la défense par Nicolas Sarkozy, on devrait connaître, aujourd'hui, le futur format retenu pour la flotte française. Les effectifs devraient être ramenés à 44.100 militaires et civils, contre 53.500 personnels actuellement (*). La Marine nationale compte, à ce jour, 5300 officiers, 30.000 officiers mariniers, 10.000 quartier-maîtres et matelots, ainsi que 10.000 civils. L'institution perdrait donc plus de 8000 hommes, ce qui semble très important compte tenu de la réorganisation déjà opérée dans les années 90.
Côté matériels, en ligne avec les différentes informations ayant « fuité » ces dernières semaines, la flotte devrait aligner, à l'horizon 2020, les unités suivantes :
La Force Océanique Stratégique (FOST) conserverait ses moyens, avec quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et six sous-marins nucléaires d'attaque (SNA).
Le porte-avions et son groupe aérien embarqué seraient maintenu. La décision de construire ou non un second bâtiment de ce type serait en revanche, et comme pressenti, reportée à 2011 ou 2012. La question du mode de propulsion (classique ou nucléaire), devrait par ailleurs être remise au goût du jour (**).
En matière de frégates, la marine nationale disposerait de 18 navires « de premier rang ». Le programme FREMM semblant devoir être réduit à 10 ou 11 unités, y compris deux bâtiments antiaériens, il restera à trancher la question du remplacement des avisos. Les 19 FREMM et FREDA devaient, en effet, succéder aux 9 frégates anti-sous-marines, 2 frégates antiaériennes et 9 avisos actuellement en service. Afin de compenser le départ des avisos, une nouvelle classe de navires plus petits que les FREMM verra sans doute le jour. Le Livre Blanc prévoirait un « renouvellement complet des frégates et SNA à l'horizon 2025 ». Les objectifs fixés pour 2020 comprendraient donc des unités d'ancienne génération, comme les La Motte-Picquet et Latouche-Tréville.
En matière de projection de forces, outre le groupe aéronaval, la marine devrait compter, en 2020, quatre grands navires type Bâtiments de projection et de commandement (BPC). On peut supposer qu'à cette date, les transports de chalands de débarquement (TCD) Foudre et Sirocco, qui auront alors entre 22 et 30 ans, seront remplacés par deux nouvelles unités.
Les missions
Les missions dévolues à la marine ne devraient pas considérablement évoluer par rapport à celles qu'elle assure déjà. Assurer la permanence à la mer de la FOST resterait sa priorité majeure. Elle devra en outre assurer la surveillance et le contrôle des approches maritimes, conduire l'action de l'Etat en mer. Capable de se déployer outre-mer dans les zones où la France compte des intérêts stratégiques, comme l'Afrique de l'ouest, l'océan Indien et le golfe Persique, elle devra sécuriser les voies de navigation (et donc d'approvisionnement) ou encore mener des opérations de contre terrorisme. Elle devrait, à cet effet, pouvoir mettre en oeuvre une force de réaction autonome à même d'assurer une projection de force, des évacuations de ressortissants ou des opérations humanitaires.
le renouvellement des moyens navals français s'intégrera dans les grandes priorités fixées par l'Etat, en fonction des ressources financières du pays et des priorités. Deux grandes phases seraient prévues. La première, s'étalant de 2009 à 2015, mettrait l'accent sur la connaissance et l'anticipation (renseignement, moyens satellitaires...), la modernisation des forces aéroterrestres, la modernisation progressive des moyens aériens puis des composantes navales en matière de frégates anti-sous-marines et de SNA. L'avion de transport (A400 M) et l'aéromobilité (hélicoptères) feraient également partie de cette première phase. A partir de 2015 et jusqu'en 2025, il serait ensuite prévu d'accélérer le renouvellement de la flotte de surface, de poursuivre la modernisation de l'outil aérien (avions, drones) et de renforcer la capacité de frappe de précision en profondeur (missile de croisière).
Les grandes lignes du Livre Blanc, qui seront présentées aujourd'hui par le chef de l'Etat, seront détaillées, en pratique, dans les prochaines semaines. Hervé Morin, ministre de la Défense, devrait être plus précis, en juillet, sur la réorganisation des armées et l'évolution des moyens. Il conviendra également d'attendre l'élaboration de la nouvelle loi de programmation militaire, prévue à l'automne, et son respect, évidemment, dans les années qui viennent.
Dans les 12 prochaines années, l'effort budgétaire alloué à la Défense devrait être maintenu à son niveau actuel pour atteindre un total de 377 milliards d'euros. Il s'agit donc d'un effort important, équivalent, à titre de comparaison, au coût de construction de 150 porte-avions (hors TVA).
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(*) Le format général des armées passerait à 224.000 postes, contre 271.000 actuellement. Les effectifs de l'armée de Terre tomberaient à 131.000 hommes (contre 144.000) et ceux de l'armée de l'Air à 50.000 hommes (contre 64.000). Plus de 7000 postes budgétaires seraient en outre supprimés à la délégation générale pour l'armement (DGA) et dans les administrations. D'ici 2015, les effectifs du ministère de la Défense devraient donc avoir fondu de 54.000 postes budgétaires (sur un total de 320.000 aujourd'hui).
(**) Voir notre article sur le PA2
crédits : MARINE NATIONALE - Patrick FROMENTIN |
17/06/2008
A l'occasion de la présentation du Livre Blanc sur la défense par Nicolas Sarkozy, on devrait connaître, aujourd'hui, le futur format retenu pour la flotte française. Les effectifs devraient être ramenés à 44.100 militaires et civils, contre 53.500 personnels actuellement (*). La Marine nationale compte, à ce jour, 5300 officiers, 30.000 officiers mariniers, 10.000 quartier-maîtres et matelots, ainsi que 10.000 civils. L'institution perdrait donc plus de 8000 hommes, ce qui semble très important compte tenu de la réorganisation déjà opérée dans les années 90.
Côté matériels, en ligne avec les différentes informations ayant « fuité » ces dernières semaines, la flotte devrait aligner, à l'horizon 2020, les unités suivantes :
La Force Océanique Stratégique (FOST) conserverait ses moyens, avec quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et six sous-marins nucléaires d'attaque (SNA).
Le porte-avions et son groupe aérien embarqué seraient maintenu. La décision de construire ou non un second bâtiment de ce type serait en revanche, et comme pressenti, reportée à 2011 ou 2012. La question du mode de propulsion (classique ou nucléaire), devrait par ailleurs être remise au goût du jour (**).
En matière de frégates, la marine nationale disposerait de 18 navires « de premier rang ». Le programme FREMM semblant devoir être réduit à 10 ou 11 unités, y compris deux bâtiments antiaériens, il restera à trancher la question du remplacement des avisos. Les 19 FREMM et FREDA devaient, en effet, succéder aux 9 frégates anti-sous-marines, 2 frégates antiaériennes et 9 avisos actuellement en service. Afin de compenser le départ des avisos, une nouvelle classe de navires plus petits que les FREMM verra sans doute le jour. Le Livre Blanc prévoirait un « renouvellement complet des frégates et SNA à l'horizon 2025 ». Les objectifs fixés pour 2020 comprendraient donc des unités d'ancienne génération, comme les La Motte-Picquet et Latouche-Tréville.
En matière de projection de forces, outre le groupe aéronaval, la marine devrait compter, en 2020, quatre grands navires type Bâtiments de projection et de commandement (BPC). On peut supposer qu'à cette date, les transports de chalands de débarquement (TCD) Foudre et Sirocco, qui auront alors entre 22 et 30 ans, seront remplacés par deux nouvelles unités.
Les missions
Les missions dévolues à la marine ne devraient pas considérablement évoluer par rapport à celles qu'elle assure déjà. Assurer la permanence à la mer de la FOST resterait sa priorité majeure. Elle devra en outre assurer la surveillance et le contrôle des approches maritimes, conduire l'action de l'Etat en mer. Capable de se déployer outre-mer dans les zones où la France compte des intérêts stratégiques, comme l'Afrique de l'ouest, l'océan Indien et le golfe Persique, elle devra sécuriser les voies de navigation (et donc d'approvisionnement) ou encore mener des opérations de contre terrorisme. Elle devrait, à cet effet, pouvoir mettre en oeuvre une force de réaction autonome à même d'assurer une projection de force, des évacuations de ressortissants ou des opérations humanitaires.
le renouvellement des moyens navals français s'intégrera dans les grandes priorités fixées par l'Etat, en fonction des ressources financières du pays et des priorités. Deux grandes phases seraient prévues. La première, s'étalant de 2009 à 2015, mettrait l'accent sur la connaissance et l'anticipation (renseignement, moyens satellitaires...), la modernisation des forces aéroterrestres, la modernisation progressive des moyens aériens puis des composantes navales en matière de frégates anti-sous-marines et de SNA. L'avion de transport (A400 M) et l'aéromobilité (hélicoptères) feraient également partie de cette première phase. A partir de 2015 et jusqu'en 2025, il serait ensuite prévu d'accélérer le renouvellement de la flotte de surface, de poursuivre la modernisation de l'outil aérien (avions, drones) et de renforcer la capacité de frappe de précision en profondeur (missile de croisière).
Les grandes lignes du Livre Blanc, qui seront présentées aujourd'hui par le chef de l'Etat, seront détaillées, en pratique, dans les prochaines semaines. Hervé Morin, ministre de la Défense, devrait être plus précis, en juillet, sur la réorganisation des armées et l'évolution des moyens. Il conviendra également d'attendre l'élaboration de la nouvelle loi de programmation militaire, prévue à l'automne, et son respect, évidemment, dans les années qui viennent.
Dans les 12 prochaines années, l'effort budgétaire alloué à la Défense devrait être maintenu à son niveau actuel pour atteindre un total de 377 milliards d'euros. Il s'agit donc d'un effort important, équivalent, à titre de comparaison, au coût de construction de 150 porte-avions (hors TVA).
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(*) Le format général des armées passerait à 224.000 postes, contre 271.000 actuellement. Les effectifs de l'armée de Terre tomberaient à 131.000 hommes (contre 144.000) et ceux de l'armée de l'Air à 50.000 hommes (contre 64.000). Plus de 7000 postes budgétaires seraient en outre supprimés à la délégation générale pour l'armement (DGA) et dans les administrations. D'ici 2015, les effectifs du ministère de la Défense devraient donc avoir fondu de 54.000 postes budgétaires (sur un total de 320.000 aujourd'hui).
(**) Voir notre article sur le PA2